L'amour et l'âme cheminent ensemble. Ils forment un concert quand il y a rencontre. Mais, toute œuvre, par sa perfection même, est finie, enclose dans sa durée. Notre loi de fonctionnement est celle de la discontinuité. Nous ne pouvons vivre dans un état amoureux perpétuel. Le monde et la société se mettent entre les âmes et les relèguent au second plan, ils les séparent par l'intermédiaire du moi, leur serviteur. L'amour devient alors un phénomène comme les autres, souvent avec de beaux restes et la nostalgie de l'objet perdu. Il demeure dans ce fond où s'élaborent nos rêves.
L'âme, j'ignore si elle est substance mais elle est de la terre, du feu, du ciel et de l'eau. Elle signifie leur présence à l'instant de la création et quand ils animent leur être.
L'âme, le moi et la conscience ne sont pas identiques. L'âme n'est ni dans l'adaptation ni dans la discussion. Elle est demande de contemplation et de communion, là où les éléments qu'elle transcende peuvent s'harmoniser.
Aujourd'hui, la belle âme fait rire parce que tout est machiavélique. Il reste l'Art quand il n'est pas dénaturé comme plus spectacle. Dans la religion, pour mainte raison, elle est plus insaisissable.
ON comprend l'altérité par la recherche de causes, c'est à dire des explications qui nous ramènent au connu, c'est à dire au même.
Mais l'altérité, par définition, est ce qui nous échappe. On peut la maîtriser. C'est toujours superficiel. Le monde est autre et chacun est autre que soi. On se débrouille, on s'adapte. Il nous faut alors chercher une attitude éthique de résignation ou plutôt d'acceptation. Cela se vérifie absolument dans le couple, la famille et les relations. A la fin, tout se sépare et le même devient l'autre absolu.
Cette nuit, j'ai rêvé du paradis perdu. Mais ce rêve est un acte qui échappe à mon moi. Ce matin, je me brosse les dents mais c'est un acte qui se déclenche parce que la loi hygiénique l'impose. Mes actes s'enchaînent, guidés par la télécommande de mon vieux cerveau. Les actes se produisent, je les regarde s'accomplir, passif d'une certaine manière.
L'Absolu se suffit à lui-même et son rapport à lui-même et d'aimer la totalité de ce qu'il contient. Il s'aime lui-même. L'Absolu peut aussi se haïr lui-même et aller vers sa propre dissolution, sachant qu'elle n'est qu'une modalité de son être.
L'absolu peut se faire nommer Dieu ou de tout autre nom. Il n'y a pas d'obligation intrinsèque. Il accepte de dire qu'il n'existe pas et que tout est relatif mais il s'agit là d'une affirmation absolue qui le pose en tant que tel. C'est un jeu passionnant et sans enjeu.
Si le grand montreur de marionnettes prend soudainement le parti du gendarme et assomme d'un coup sec le cher guignol, alors les enfants vont crier, pleurer et vouloir quitter la salle, suivis par leurs parents. Tout le reste, censé les amuser, fera plouf.
Les grecs ont chaud sous la pluie. On a chaud mais ça va. Marche à l'ombre et bois de l'eau. Que vont faire les grecs avec la nymphe Europe. Zeus en faisait ce qu'il voulait. Il bluffait. Ils continuent et les banquiers se grattent la tête. Midas s'est mordu les doigts mais l'or, ça ne saigne pas mais il est plus dur que tout.
La rue est aride mais le parc Martin Luther King est charmant. Ils cherchent un lieu ombragé et changent souvent de place. Il est étreint par un grand sentiment de vide et finit par s'endormir sur un banc. Un café le remet en ordre de marche. La conversation va bon train. Les fleurs rouges sont belles. Les toilettes fonctionnent. Beaucoup de patinettes. Mais le soir, il ne supporte plus la télévision. Les grandes émissions s'achèvent. On n'y perd pas grand chose. Quant aux livres, ils ressassent souvent les mêmes informations.
La conscience est inquiétude. Il lui faut toujours des objets. On s'inquiète pour sa santé. Il faut sortir pour échapper au vide intérieur. Regarder autour de soi, trouver des objets de conversation. Ne pas s'énerver. Acheter des choses pour avoir du plaisir. Manger en digérant bien. Ecrire pour laisser un trace, inutile. Se persuader qu'on est à hauteur d'homme. Avoir des idées. Bref, jouer le rôle qu'on s'est assigné.